
Il ne cessera ensuite de voyager au hasard des rencontres pendant 20 ans, s’installant à Sydney, puis New York, où il vivra de ses reportages institutionnels et portraits. En 93, il remporte le 1er prix du Jury Ilford (president du jury Robert Doisneau), pour un reportage sur bali, puis en 1997 le 1er prix reportage de El Pais pour une série de portraits de Boxeurs à Paris. Sa recherche personnelle se poursuit en filigrane. Installé à N.Y.C, il entreprend de capter la nature là où elle a encore l’audace et le génie de subsister: un arbre esseulé fleurit dans la ville, des herbes folles vagabondent dans des jardinières en béton. Cependant, malgré une vie confortable et «exotique», ces clichés semblent dire à contrario la nostalgie d‘un tout autre paysage, un paysage intérieur qu’il est le seul à percevoir. Pour paraphraser Lévis Strauss dans «tristes tropiques»: en réalité, il n’aime ni les voyages ni les explorateurs!
En 2007, sur un concours de circonstances, selon son expression, Olivier rentre en France et s’installe sans grande conviction à Paris. Au même moment, sur une «énorme erreur de calcul», les banques new yorkaises s’effondrent, provocant une crise économique et éthique qui touchera le monde entier. Les masques tombent et l’on découvre sans surprise la violence du mensonge et la vanité d’une société spéculative, virtuelle.
Libéré d’un style de vie obsolète, face à un présent chaotique et un avenir incertain, son travail personnel se tourne alors définitivement vers les paysages chers à son coeur, « paysages de l'âme » souvent en rapport avec l'eau, réinvestissant un nouveau romantisme. C’est l’avènement d’un monde entièrement prosaïque, utilitariste, pervers, qui est lavé à grandes eaux, découvrant aussi d’anciennes cicatrices. Cette recherche le conduit naturellement aux racines de son enfance, sur le littoral Normand et les plages du débarquement ou il retrouve ses racines. De ces déambulations, il ramènera des clichés de plages désertes jonchées de vestiges de guerre dont le récit l’a marqué pendant son enfance, retraçant l’inquiétude de l’oubli et de la disparition d’un grand-père blessé par la seconde guerre mondiale. «On ne sait, à chaque pas que l'on fait, si l'on marche sur une semence ou sur un débris», comme l’écrivait Musset dans «la confession d’un enfant du siècle».
Les horizons sans cesse scrutés des 1ères années, tel ceux du «Désert des tartares» de Buzzati, marqués par la lente introspection s’évanouissent peu à peu et laissent place à d’autres paysages. Parallèlement à l’attraction pour les côtes de la Manche, l’évocation de la nature, les recherches autour des reflets de nénuphars flottant sur l’eau, les arbres en fleur, les falaises, présentent plus d’une similitude avec l’oeuvre de Monet ou les descriptions de Proust.
Expatrié pendant plus de 20 ans, à son retour en France, il éprouve l'urgence d'une re-connection à son patrimoine et part «A la recherche du temps perdu». Telle pourrait être la métaphore de son oeuvre: long pèlerinage, réflexion sur le temps et la mémoire affective comme sur les fonctions de l'art qui doit inventer ses propres mondes.
Il compose des paysages "Autobiographiques": l’eau et plus largement la nature est le miroir de l’homme, le reflet de son cœur, de son esprit et de son âme. L’immensité du temps et de l’espace renvoient à un temps infini et à un espace intérieur, mental et poétique. Les paysages permettent par le biais de la photographie de rendre compte de l’ambiguïté des sentiments humains et de leur violence. Il propose aujourd’hui de grandes fresques, mêlant la force et la beauté éclatante d’une nature originelle à la Rousseau, un véritable antidote contre le désenchantement du monde. Il célèbre et réveille par la puissance d’une nature sauvage, naïve ou généreuse le retour toujours possible à l’avènement de la magie, de la poésie, du mythe. Son combat par la photographie et la réintégration de l’imagination poétique représente le véritable défi qu’il lance aux doutes, aux fatigues, et aux nihilismes contemporains.