"Le paysage se révèle beaucoup plus qu’un paysage, tant il est vrai que « l’art, c’est l’homme ajouté à la nature – la nature, la vérité, dont l’artiste fait ressortir le sens, l’interprétation, le caractère qu’il exprime, qu’il dégage, qu’il démêle, qu’il libère, qu’il éclaircit », écrit Van Gogh à son frère Theo en 1879. 
 Dans cette relation de L'homme à la nature se dégage un sentiment de plénitude et d'éveil. C'est le fil conducteur qui guide ma démarche artistique dans cette recherche photographique sur la Camargue et plus largement dans mes paysages.
A travers ces paysages, au contact de la Nature, je tisse une meilleure compréhension de mon être, un sentiment de communion et de prise de conscience de l'importance du vivant. Il y a des paysages qui nous réveillent et nous parlent, des paysages où l'on ne fait qu'un, où l'on ressent ce sentiment d'union et de paix. C'est ce lien spirituel et charnel profond qui nous habite, entre l'homme et la nature qui m'interesse dans ce travail photographique.
J’ai grandi près de la mer sur les côtes Normandes. Le littoral me relie à mon histoire familiale, à mes ancêtres, à ce feu intérieur qui m'anime. J’ai l’impression que ceux qui me précédaient, mes alleux, voyaient exactement la même chose que moi en scrutant l'horizon, cela me touche et me rassure quelque part. Je recherche et m'inspire de paysages bruts et familiers dans mon travail photographique. C’est la nature, celle que l’on n’a jamais vue mais que l’on a déjà sentie, que l’on imagine en son for intérieur, qui me parle.
Je suis attiré par les plages du Nord aux tons pastels, des lumières diffuses, et d'immenses ciels gris. Entre la Normandie, terre de mes racines et la Camargue, semble colluder deux univers distincts. Pourtant fasciné par les toiles de Van Gogh, je voulais mieux comprendre ce qu'il a ressenti en peignant ses toiles dans la région de  Arles.  
J'avais en tête la lecture des lettres de Van Gogh à son frère Théo que je venais de terminer. J'étais très curieux d'appréhender ces paysages qui ont torturé et subjugué Van Gogh pendant ces quelques mois de résidence à Arles.
J'entreprend alors un premier voyage fin mars 2022, puis deux autres au printemps et à l'arrière saison. 
Les impressionnistes ont consacré le paysage en tant qu’entité sensible pour s’oublier et de ne devenir que couleurs. Les paysages de Van Gogh sont peints in situ, au grand air afin de saisir le vent, le bleu du ciel, les reflets du soleil sur les feuillages et végétations, bref, la Beauté du monde. Van Gogh est un artistes de la lumière et de la couleur. On ne peux s'empêcher de se laisser emporter par ces toiles en ressentant la force et la beauté de cette nature. Ses pinceaux tourbillonnent et expriment avec force une nature vivante, peut-être fantasmée, du moins une nature sublime.
 Le spectre de Van Gogh, son passage en Provence vont résonner à chacun de mes séjour. Oublier la raison, pour donner libre cours à l'émotion qui guide l'acte photographique. Je me laisse happer par mes sensations perçues au fil des ces déambulations Camarguaises.
Dès mon arrivée à Arles, je contemple le Rhône, et déjà me reviens "la nuit étoilée sur le Rhône" de Van Gogh que j'ai incorporé à mon univers mental.
On n'y distingue pas tout à fait les berges, une masse mouvante bleutée – un bleu franc, couleur encre à certains endroits striée de jaunes. Ce n’est pas la nuit qui est noire mais bel et bien le fleuve disait il! 
"Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour, coloré des violets, des bleus et des verts les plus intenses. Lorsque tu y feras attention tu verras que de certaines étoiles sont citronnées, d'autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis."
Les toiles de Van Gogh vont illuminer mes journées tel la peinture des Saules au coucher de soleil, le pêcher en fleur et les tournesols. Je m’imprègne de cette lumière particulière et cherche à garder la trace de la beauté de ce qui m’entoure sur mes clichés. Je me fonde dans la nature en perpétuel mouvement, et fais réapparaitre la part animale et instinctive en moi. Je me rend perméable, Je joue avec les forces en présence, j'apprend à m’immobiliser et utilise ce qui se trouve autour de moi pour créer mon univers pictural.
Je rend hommage à la beauté de la nature pour révéler sa dimension spirituelle. Ma photographie vise une simplicité équilibrée qui témoignent de mon sens de l’émerveillement et de mon respect du monde naturel.


"Introspection" est un essai artistique réalisé en mer du Nord. La mer est un parfait sujet d’étude pour un homme, en quête de « vraie nature » dans une recherche introspective de soi.
Pour unique décor, la mer, l'horizon et le ciel, je m'éloigne du littoral. Pendant 5 jours en haute mer, je m'empreigne de la lumière, des couleurs, des mouvements et flux perpétuels entre ciel et eau.
Je m'essaye à rendre au mieux cette lumière singulière, à la fois stable dans le ciel et agitée en pleine mer. Mon intention est de capter l’aspect fugace de la nature en résonance avec mon for intérieur, de rendre vivant un moment presque déjà évanoui où les éléments orchestrent une symphonie marine se jouant de nos cinq sens.
 Ce thème de l'eau, récurrent dans ma recherche artistique, est lié de manière indélébile aux souvenirs les plus profonds de mon existence, à ces moments particuliers où les mouvements de l'eau reflètent ceux de mon âmes dans une énergie naissante.
 Embarqué sur un bateau de pêche, je photographie ces paysages dans un équilibre des plus précaires, parfois même, saisi de vertiges sur le deck, au bord du précipice, contemplant la beauté de ces paysages et aussi l’instabilité de l’existence !
Le Projet " Introspection " est une série de tableaux où je décompose les paysages en moments singuliers pour mieux les recomposer tel un puzzle.
Cet exercice où l'on reconnecte ciel et terre en changeant perspective et ligne d'horizon, créant différentes séquences narratives, suscite interrogation, et libère la parole.  Chacun de ces tableaux fonctionnent comme une entité "cohérente" entre rêve et réalité où les paysages retrouvent un certain équilibre et unité. Je m'interroge sur la notion de temps, mouvements et matière ainsi que de ma relation au paysage autant physique que psychique.


 

«  La source » (2020 – 2022) explore des paysages normands, sur les rives de l’Orne, de sa source à son estuaire. Le projet est pensé comme un voyage initiatique au fil de l’eau. Mon regard se pose sur une terre déjà arpentée dans l’insouciance de l’enfance, me rappelant des souvenirs de jeunesse exacerbés, sur des chemins de traverse.
Je puise mon inspiration dans la peinture romantique du XIXème siècle qui promeut le coeur et la passion, l'irrationnel et l'imaginaire, la couleur et l'exaltation. Cette démarche photographique vient d'un profond désir de se ressourcer, se réconcilier avec ses sens, son moi intérieur.
Je propose de changer de perspective et de vérité, se connecter au vivant pour se recconecter à son être et explorer les paysages de l'Âme.
Comme l'on se déplace autour d'une sculpture pour en découvrir les formes, l'on chemine dans la nature pour trouver sa vérité.
Nous avons oublié de nous relier émotionnellement à l'art ainsi qu'à nous même. Ces photographies ne signifient rien de plus que ce qu'elles sont. Par sa pratique, le photographe nourrit son univers intérieur.
Ces Paysages agissent sur nos coeurs comme un livre ouvert, sans arrière pensées. Au mieux, ils nous rappellent à nous même tel un interlude!
Comme une partition, ce projet est une proposition de lâcher-prise, de nous laisser porter par la mélodie, par notre intuition afin de se recconnecter au vivant, à nous même. La rivière, sa source et son tracé conduisant à son estuaire devient dans ce projet un véritable élément de ma recherche esthétique. Dans ce parcours photographique, je questionne cette étincelle qui nous lie à l'univers dans une démarche introspective, contemplative. A travers ces paysages de l'Orne qui me relient à mon enfance, je questionne l'ensemble de tout ce qui existe; L'espace, le temps et la matière.
 


Je cherchais mon chemin, égaré, sur une route de campagne. Au bout de ce chemin, un cul-de-sac, et puis un champ de graminées auquel je ne faisais pas attention, trop préoccupé par le temps qui passe et le fait que j'étais perdu ! 

 Soudainement, je fus frappé par les rayons de soleil de cette fin de journée qui, venant à percer les nuages, inondaient de lumière ce lopin de terre. Comme irradié, tétanisé, je me détachais de mes préoccupations du moment pour contempler cette scène à des consonances bibliques ! Telle une révélation, j'étais happé par la beauté du moment présent. Ce champ pour lequel je n'avais eu aucune considération se révélait à moi. 

J'ai tout de suite eu cette vision du Buisson Ardent de Moïse qui brûle sans se consumer. Il a la force d'attraction et de résistance en même temps, il est symbole de la vie à sa source. Je reconnus la voix invisible qui est en son centre et révèle Dieu comme celui qui est et sera, mais aussi comme celui qui dit qu'il est inséparablement être et parole. 

Cette série photographique est un acte impulsif, compulsif. Il est aussi intuitif et dénué de raison. Guidé par une voix intérieure, dans un élan créatif, je m'abandonne et laisse les palpitations de mon cœur se mettre au diapason de l'Âme de ce champ. Dans le moment présent, au milieu de nulle part, dans ce champ de graminées, je me trouvais confronté au divin. En communion avec la nature, je me mettais en quête de photographier l'instant présent et ce rien qui est un tout.

Je scrute l'horizon, là où mes ancêtres un jour, fixaient de leur regard ce même horizon avec leurs craintes et leurs espoirs. Cela me réconforte de sentir la présence de mes racines dans ces paysages Normands. Au-delà de la notion biologique, les racines peuvent prendre une signification figurée et sociologique. Elles représentent ce qui nous relie à notre passé et à nos origines, et peuvent être considérées comme un ancrage nécessaire à l’accomplissement de la personne.
Les racines d’une personne sont étroitement liées à son passé et à ses origines. Selon le sens figuré et sociologique, les racines d’une personne sont les éléments qui la rattachent à ses ancêtres et à son histoire. Elles incluent les traditions familiales, les coutumes culturelles, les valeurs transmises de génération en génération, ainsi que les lieux de naissance et de résidence de la famille.
On définit l’enracinement comme l’ancrage de l’homme dans son milieu. L’on considère que cet enracinement est indispensable à l’épanouissement de la personne. En effet, l’enracinement permet à l’individu de se sentir connecté à son environnement et de développer un sentiment d’appartenance. Donner du sens à sa vie en se reliant à quelque chose qui nous dépasse, qui nous relie à notre passé et à nos ancêtres tel est le projet de ce document photographique.
Cette horizon par delà cette étendue d'eau sur le littoral Normand est essentiel. Là, sur le rivage, on se pose pour mieux comprendre d’où l’on vient et qui nous sommes. “Just before darkness “ exprime des questionnements sur l’identité de l’homme, ce sentiment d’appartenance à une communauté qui apporte  une meilleure compréhension de sa place dans le monde.